Publié le 7 février 2020 | Mis à jour le 14 décembre 2020

Langage, diversité & évolution

Il existe actuellement entre 6000 et 7000 langues parlées dans le monde. La moitié de celles-ci sont des « langues en danger » (LED), c’est-à-dire qu’elles sont surtout utilisées par la génération des parents et leurs ascendants et qu’elles ne se transmettent plus aux nouvelles générations. Dans certains pays, on en dénombre plusieurs centaines. C’est le cas de l’Indonésie (700), de l’Inde (860) ou encore de la Papouasie Nouvelle-Guinée (860). Que révèle cette formidable diversité de langues humaines ? Qu’est-ce que ces langues en commun ? Quelles sont leurs spécificités ? C’est justement ce qui intéresse plusieurs équipes du LabEx ASLAN, qui étudient des langues méconnues d’Amérique latine et d’Afrique. Ils les décrivent sous tous les angles : comment elles s’écrivent, se prononcent, se construisent, et véhiculent du sens (phonologie, morphosyntaxe, sémantique, typologie, etc.). Partant du constat que de nombreuses langues indigènes sont menacées, un des objectifs est ainsi de mieux comprendre les fonctions du langage et ses enjeux communicationnels et culturels.

Derrières ces langues, ce sont des hommes et des femmes qui, souvent, peuvent souffrir d’une situation économique, sociale et/ou politique qui met à mal leurs cultures. Le contexte de recherche sur les langues en danger est donc spécifique, difficile, et particulièrement complexe car les linguistes doivent décrire des langues en train de s’effacer, dans des situations humaines et émotionnelles qui questionnent leurs rôles et responsabilités. Comment les linguistes peuvent-ils accompagner les projets locaux de revitalisation initiés par ces communautés dont la langue est menacée, stigmatisée ou ignorée ?

Des chercheurs du LabEx travaillent sur des terrains variés. Ils participent à des projets d’accueil et de formation à la recherche de locuteurs, pour la documentation dans la langue de connaissances ancestrales. Un de ces projets concerne les techniques agricoles traditionnelles, en France (langue francoprovençale) ainsi qu’au Nicaragua (langue rama) où la préservation de ce savoir est essentielle pour l’autonomie et la survie de la communauté. Un autre projet consiste à participer, financièrement et scientifiquement, au site web Sorosoro, qui contribue à la préservation du patrimoine linguistique mondial.

Le langage humain ne cesse d’évoluer. Depuis les temps les plus reculés, il se transforme, mute, se divise en une multitude de langues et de dialectes au gré des migrations et du brassage des cultures. Quels sont les facteurs contribuant à son évolution ? C’est ce que tentent de comprendre les chercheurs du Labex ASLAN en analysant les modifications des composantes du langage (phonétique, phonologie, lexique, morphosyntaxe…) depuis la préhistoire (– 100 000 ans) jusqu’à aujourd’hui. Grâce à leurs travaux, on comprend mieux pourquoi il existe une telle diversité linguistique dans certaines régions du monde et comment préserver cette diversité par l’étude des langues menacées de disparition.
 

Aujourd'hui des milliers de langues ; et demain ?